Pourquoi Pays ?
Bienvenue dans la communauté Pays. Dans cette première newsletter, je vous en dis plus sur ce qui me pousse à me lancer aujourd'hui dans la création d'une revue.
Bonjour à tous et à toutes,
Merci pour votre soutien dans ces premiers jours. Vos messages et vos suggestions nous encouragent à poursuivre nos réflexions et notre travail. La route est longue, et le chemin qui nous attend ne sera pas de tout repos. Nous avons besoin de vous pour faire de ce projet une réalité.
Nous vous invitons à rejoindre le projet sur Facebook, Twitter et Instagram. Surtout, partagez, transférez cette newsletter autour de vous, à des personnes que vous pensez susceptibles d’être intéressées par le lancement d’un média qui s’intéresse à l’impact du local sur le global, un territoire à la fois.
Dans cette première édition de la newsletter de Pays, que je vous adresserai tout au plus deux fois par mois, je vous propose de découvrir ce qui m’a donné envie de me lancer dans cette aventure.
Dans la Rance, entre Côtes-d’Armor et Ille-et-Vilaine, Goulven et Tomy pratiquent la pêche en plongée de coquilles Saint-Jacques.
J’ai passé toute mon enfance et mon adolescence en pleine campagne en Bretagne. À quatre kilomètres du bourg de mon village, dans un lieu-dit sans numéro où tout le monde se connaissait. C’est en quittant la maison que je me suis aperçue du pays qui m’avait marquée pendant ces années. La ruralité, la « littoralité », la mobilité… tous ces mots, ces concepts intangibles, je les ai éprouvés quotidiennement.
Tant de petites choses ont motivé la création de Pays que je ne sais par où commencer. Enfin si, la création de la revue relève avant tout d’un constat.
Ce microcosme, que je sillonne maintenant depuis quelques années, en est l’élément fondateur. Il n’échappe à personne, journalistes ou non, que le milieu des médias reste très « parisiano-centré ». Il y a un mois encore – même si cela semble être à une éternité de nous maintenant – on en faisait les frais à coups de rebondissements dans la campagne municipale parisienne vers laquelle les yeux d’une grande partie des journaux étaient tournés. Non pas que celle-ci ne représente pas un intérêt car oui, Paris est une grande métropole et la capitale. Seulement, la majeure partie de la population qui n’y vit pas rencontre également des problématiques locales tout aussi intéressantes à traiter à un niveau national, et qui auraient pu attirer l’œil au-delà des frontières locales et régionales.
De manière générale, le traitement médiatique du local, dans la presse nationale, revêt une certaine frilosité, sans parler d’endroits tout simplement oubliés, les Outre-mer en savent quelque chose. Au-delà de l’apparence, la problématique me semble plus profonde. Où étaient les médias lorsque la colère montait en « province », ce ras-le-bol généralisé qui a abouti au mouvement des Gilets jaunes ? La question est encore d’actualité aujourd’hui comme l’a montré récemment le sociologue Benoît Coquard, auteur de Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin, publié en octobre dernier, dans un éclairage pertinent sur Twitter à propos de la vision de la ruralité par certains journalistes en ces temps de confinement.
À Paris, l’association 1000 visages donne des cours de théâtre à des jeunes éloignés de l’offre culturelle pour démocratiser l’accès au cinéma. Photo : Pierre Gautheron.
Il suffit pourtant de pousser un peu plus loin que le bout de son nez pour se rendre compte que les dynamiques sociales qui mouvementent notre pays s’ancrent localement. Comment, par exemple, parler de décroissance urbaine sans fouler le sol de métropoles qui perdent leurs habitants ? Comment comprendre le quotidien des jeunes des milieux ruraux sans aller à leur rencontre ?
Le déclic est probablement venu de là. J’étais dans l’Orne, à Flers, ville de 15 000 habitants, à quatre-vingt-dix kilomètres d’Alençon. Loin de moi les mièvreries et les discours à la noix sur la force des rencontres mais il faut dire que le métier joue probablement là-dedans. Là-bas, je rencontre un certain Théo, 20 ans tout juste et une énergie à couper le souffle. Dans certains médias pourtant, les jeunes ont souvent une image caricaturale, de personnes peu matures, passant leur temps sur les écrans… Théo n’y ressemblait en rien. Et à travers sa rencontre, il a laissé entrevoir à quoi tenait sa vie à Flers, ses amis autour de lui, ses références, ses rêves. J’ai entraperçu quelque chose de profondément actuel chez lui. Car, au-delà de sa personnalité, des problématiques se reflétaient : (im)mobilité, ascenseur social au point mort, place des liens sociaux… le tout dans un territoire précis : l’Orne, son calme relatif, son éloignement certain des métropoles. Et j’étais persuadée qu’il n’était pas le seul ainsi. Tout ce qui l’entourait prenait aussi de l’importance, car les individus sont marqués par leurs territoires.
Voilà probablement une des premières pierres à l’origine de Pays, cette envie de rester bien plus longtemps là, de comprendre, de mettre en perspective aussi.
Dans la prochaine newsletter, à Saint-Malo, nous continuerons d’explorer les raisons d’être de Pays.
À très bientôt,
— Manon Boquen (@manonboquen) et l’équipe de Pays
Retrouvez Pays sur Facebook, Twitter, Instagram et partagez la newsletter.